La montée du fascisme et la banalisation des idéologies de l’extrême-droite nous glacent le sang. Les systèmes au pouvoir répondent à toute résistance par la répression pour assoir leurs modèles patriarcal et capitaliste. Cela nous alarme, nous enrage, nous enflamme, mais ne nous fait pas plier. Nous voulons lutter contre tous les systèmes d’oppressions (sexiste, raciste, classiste, validiste, âgiste, scientiste, capitaliste, essentialiste…) et leur intériorisation. Nous affirmons que les luttes féministes, écologiques, et intersectionnelles sont plus que jamais nécessaires pour accuser ce monde et lui faire front.
Dès lors, ce rassemblement se veut être un espace pour nouer des affinités et solidarités politiques et partager ensemble une expérience collective et militante. C’est aussi un moment pour nous reposer d’un militantisme du quotidien qui nous absorbe parfois totalement, ne nous laissant pas le temps de réfléchir à nos pratiques, nos milieux, nos besoins, nos contradictions. Ainsi, grâce à un cadre que l’on espère le plus « safe »/bienveillant possible, on souhaite prendre un peu de distance et apprendre ensemble à créer des alternatives possibles. Cela dit nous désirons éviter l’écueil du développement personnel qui chercherait à calmer les colères qui nous habitent. Nos colères sont légitimes et nécessaires. Et nous aimerions faire une place à ses grondements, leur donner une voix, attiser nos puissances d’agir comme on met du bois dans le feu et s’affirmer contre tout ce qui étouffe les flammes. Vous l’aurez compris, ce rassemblement n’est pas un évènement qui puisse se consommer comme d’autres loisirs. Il n’y aura rien à consommer, mais du temps pour expérimenter.
Nous désirons pratiquer un féminisme pluriel et inclusif, qui soulève, travaille, et lutte contre toutes les formes d’oppressions. Nos vies sont multiples et nos différences fécondes, elles ne s’articulent pas autour d’une même question et doivent être toutes entendues et considérées afin de ne pas reproduire des formes de domination. Les approches intersectionnelles nous entrainent à visibiliser et conscientiser des oppressions, qui en plus d’être liées au genre se retrouvent aussi dans des discriminations de race, de classe, d’orientation sexuelle, d’identité de genre, de handicap, de standard de beauté et de professions, notamment du care/soin et du sexe. Nous souhaitons que ces éléments soient parties intégrantes de ce rassemblement.
Pourquoi les limaces heureuxses ?
Parce qu’elles sont lentes, indomptables et qu’elles abolissent tous les jours la propriété privée ! Alors embrasse la limace qui est en toi et, à leur image, profitons de ces 10 jours au jardin pour ralentir et grignoter le vieux monde dépassé.
Vive les limaces, vive le féminisme intersectionnel, vive la collectivisation des moyens de subsistance et à bas le patriacacapitalisme-cis-hétéro-suprémaciste !
Pourquoi la mixité choisie ?
Le choix de la non-mixité ou mixité choisie est une pratique, un outil et absolument pas une fin en soi, elle est appliquée à certaines occasions, dans les buts bien précis de:
- donner de la place, du temps pour libérer la parole des personnes qui subissent des oppressions, leur offrir des expériences qui leur redonnent du pouvoir et de la confiance afin de retourner plus fortexs et en confiance dans la mixité sociale de la société.
- permettre aux personnes concernées de s’organiser entre elles et de réfléchir aux stratégies d’émancipation qu’elles peuvent mettre en place, sans le regard extérieur de personnes non directement concernées par les sujets abordés.
- éviter la remise en cause des combats et des douleurs des personnes opprimées : ex. « Ça va, ici on est pas mal loti, regarde comment les femmes sont traitées ailleurs… », « Moi j’suis pas raciste, je ne vois pas les couleurs », etc.
- protéger les personnes ayant subies des violences pour qu’elles subissent le moins possible de remarques déplacées ou douloureuses des personnes non-opprimées et non-éduquées autour du sujet abordé.
- ne pas bloquer les discussions et perdre du temps à éduquer et prendre soin des personnes non concernées directement par les sujets abordés. Des temps d’éducation sont évidemment possibles et utiles à d’autres moments.
Le droit à l’erreur… et à la confrontation
Ces trouvailles cherchent à être les plus accessibles possible. Donc, tu n’as pas besoin d’avoir un brevet en écologie ou en féminisme pour venir. Cependant, les comportements et paroles oppressives ne seront pas tolérées. Soyons touxtes prêtxes à nous remettre en question et à apprendre à faire mieux, même si cela est parfois inconfortable d’être confrontéxes par d’autres à nos propres comportements oppressifs.
De façon générale, si tu penses que ce que tu vas dire ou faire va gêner quelqu’unxe c’est qu’il vaut mieux t’en abstenir. Si tu as des doutes ou que tu souhaites en parler avec quelqu’unxe, tu peux t’adresser à l’équipe question ou demander son consentement à la personne face à toi. N’exigeons pas de tout le monde d’être tout le temps disponible pour faire de l’éducation.
Qui sommes-nous ?
Pour permettre une plus grande horizontalité, nous ne souhaitons pas mettre en avant les personnes porteuses de cette quatrième rencontre (youpi, c’est la quatrième !). Il n’y a aucune volonté de rester à la tête de cet évènement, bien au contraire. Cependant, nous sommes conscientexs que les personnes ayant organisé les Trouvailles sont un groupe relativement homogène : nous parlons principalement d’un point de vue blanc, valide, citadin et privilégié. Notre hétérogénéité réside toutefois dans nos orientations sexuelles, nos identités de genre et nos âges. Nous réalisons que cette position oriente la forme et le contenu de ce rassemblement et nous nous réjouissons qu’il se métamorphose à l’image des personnes qui nous rejoindront.
Bien que nos cercles soient souvent tristement homogènes, nous voulons au plus profond de nos tripes créer une autre société où la suprématie blanche et toutes les autres formes d’oppressions ne seraient qu’un lointain souvenir. Nous souhaitons êtres des alliéexs et espérons que ce rassemblement nous permettra de collectivement rendre visible puis déconstruire nos privilèges.
Ces rencontres sont proposées par des personnes qui ont le privilège de pouvoir faire ce travail gratuit d’organisation et souhaitent l’utiliser pour créer un espace qui renforce et diversifie nos solidarités militantes afin de porter le changement que nous souhaitons touxtes !